Tous les titans

Publié le par Benjamin Mimouni

Natty Universal Dread

Natty Universal Dread

Cette semaine, mon album préféré est un coffret de trois CD de Big Youth intitulé Natty Universal Dread 1973-1979 sorti en 2000 sur le label Blood and Fire Limited. Trois CD couvrant l'ensemble de la meilleure période de Big Youth en tant que DJ et producteur : Hot Stock 1973, Reggae Phenomenon 1973-1975 et Hot Fire 1975-1979. Il s'agit d'une compilation reprenant des singles, des face B, des duos. Le coffret contient également un livret très complet avec un bon topo sur le deejaying en Jamaïque (des choses dont on a eu l'occasion de parler à de nombreuses reprises alors je fais l'impasse), quelques notes sur chaque chanson (riddim original, etc) et plein de chouettes images en mode photo-montage, collage, coupures de presse. Le code couleur c'est vert, jaune, rouge, comme les diams collés sur les chailles de Big Youth.

Bon le texte est hyper-partisan. Par exemple, à propos de la chanson Sky Juice : « Not only one of Big Youth's best recordings but alson, quite simply, one of the best recordings ever ». Une des meilleures chansons de tous les temps! Rien que ça. On dirait moi...

Quand j'ai écris le premier texte sur Big Youth (Le hurleur, hyper bien!), j'ai recherché où j'avais pu lire l'anecdote sur les locks lâchées en plein concert, épisode qui avait rendu le public hystérique, je croyais que c'était dans Bass Culture, en fait c'était dans ce livret. À force d'accumuler trop d'informations, de multiplier les lectures et les écoutes, on finit par se mélanger les crayons, c'est fatal.

L'anthologie couvre près de huit ans de carrière, du coup il y a un peu de tout, mais on retrouve pas mal de lignes de force constitutives de l'œuvre de Big Youth : la foi rasta en tête, bien entendu. À ce propos, Big Youth raconte qu'il est un précurseur : il chantait déjà les louanges de Jah quand Bob Marley n'était encore qu'un Soul Rebel. « Bob Marley take a lot of me, and don't give me no credit », regrette-t-il.

Il regrette également l'attitude des producteurs qui te payent trois ronds pour enregistrer ta chanson et gardent pour eux toutes les royalties : « Sometimes they'll give you just a little money and say they'll give you the rest later but a lot of them won't give you anything at all ». Alors il décide très vite de monter son premier label, Negusa Nagast.

Big Youth, en bon DJ, revisite tous ses classiques : le Marcus Garvey de Burning Spear, My Time de Bob Andy, le Sugar And Spice de John Holt, Every Nigger Is A Star de Smokey Robinson, qu'il chante avec les I-Three.

Il s'entoure également des bad superstars du reggae : Dennis Brown (son ami d'enfance, il y a d'ailleurs plusieurs photos des deux lascars dans le livret) et Gregoy Isaacs dont la voix d'or est reconnaissable entre mille. Il enregistre aussi avec un autre DJ, Leroy Smart, et s'offre même une Battle Of The Giants part 1 and 2 avec U-Roy. Qui gagne? Peu importe.

Il utilise les proverbes chers aux chanteurs de reggae, en cela dignes héritiers d'une tradition orale ancestrale : Wolf In Sheep Clothing, soit le loup déguisé en agneau. Dennis Borwn a aussi chanté ça. Il faut absolument écouter sa chanson Wolf And Leopard.

Apparaît également le thème du kung-fu sur Hip Ki Doo, un art martial qui fascine les jamaïcains, comme toute la pop culture d'ailleurs : boxe, westerns, séries télé.

« Everybody was kung fu fighting » de Lloyd Parks. Il existe des compilation entières sur le sujet, je vous jure.

Tous les titans

La dernière photo du livret montre Big Youth et John Lydon (Johnny Rotten) dont je vous ai parlé tout récemment. Bien évidemment : Big Youth était une telle légende à la fin des années 70 qu'il représentait une étape obligatoire dans le périple de Johnny Rotten commandité par Virgin. Le renoi aux diamants incrustés dans les dents et aux énormes dreadlocks et le blanc-bec aux bracelets cloutés et aux cheveux en bataille font les couillons. C'était fatal.

En résumé : Big Youth, U-Roy, Bob Marley, Gregory Isaacs, Dennis Brown, Les I-Three, Burning Spear, Leroy Smart, Smokey Robinson, John Holt, Bob Andy. Vous comprenez maintenant mieux le titre de cet article. Ah oui, et j'oubliais la chanson Jim Screetchy toasté sur un riddim que vous connaissez maintenant par cœur, et que je vous laisse le soin de deviner.

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