Barracuda

Publié le par Benjamin Mimouni

Josey Wales "Undercover Lover"

Josey Wales "Undercover Lover"

Mon chanteur préféré est Josey Wales, celui du clash avec Yellowman dont j'ai parlé la dernière fois, parce que quand je tiens un thème porteur je m'y accroche, je le débobine. Et à propos de bobine, celui qui en a une terrible est bien notre ami Josey Wales : il ressemble à Mister T, époque Barracuda dans l'agence tout risque, quincaillerie comprise : grosses bagouzes, chaînes en or autour du cou et tout le tremblement.

En 2010 est parue la réédition d'un coffret de quatre CD de Josey Wales dans la collection « reggae legends » et comprenant, par ordre chronologique : The Outlaw, No Way Better Than Yard, le clash avec Yellowman et Undercover Lover. Quatre disques qui donnent un aperçu assez complet de son œuvre.

On commence par le bien nommé Outlaw, le hors-la-loi, produit par Junjo en 1983. Je dis bien nommé car le personnage de Josey Wales (joué par Clint Eastwood) est justement un justicier hors-la-loi. Dix titres au tempo assez lent sur lesquelq Josey pose sa grosse voix tranquille. Un accompagnement musical réduit à son minimum, c'est-à-dire la rythmique, quelques claviers par-ci par-là, quelques effets d'écho, et basta. Josey en profite pour nous parler un peu d'amour : Love I Want, Asking For Love. On reconnaît parfois des références à d'autres artistes de l'écurie Junjo, comme Fat She Fat, de John Holt. La pochette est assez sobre : un fond imitation carton avec une petite fenêtre par laquelle on voit Josey Wales descendre un escalier en contre-plongée.

Les choses deviennent un peu plus croustillantes avec le second disque, No Better Than Yard, produit par Josey Wales lui-même en 1984. plus de cordes sur celui-là : on peut même entendre une guitare électrique, ce qui donne aux chansons une tonalité plus rock. Sur la pochette, on voit encore un escalier mais cette fois l'image occupe toute la place. L'escalier est en fait plutôt un tas de moellons sur lequel Josey Wales se tient assis. Il commence à exhiber ses bijoux : un, voire deux anneaux à chaque doigt et déjà la barbe courte de Barracuda. Dans les chansons, il reprend des thèmes rasta (Jah Jah Move, Zion Home) et conscious (Drug Abusing, qui n'est pas une apologie mais une mise en garde) qu'il goûte tout autant que son pote Charlie Chaplin ou son mentor U-Roy.

Le troisième disque est consacré au clash, inutile de revenir là-dessus.

Le quatrième disque, produit par George Phang, un producteur assez important de l'époque mais dont le travail est souvent éclipsé par celui de Junjo et de Prince Jammy, les deux très grands des années 80. Undercover Lover sort en 1985, Josey Wales y reprend ses thèmes romantiques. « Howmany people think that dreadlocks no romantic? » C'est avec ces mots qu'il ouvre le bal. Puis la chanson à proprement parler (Undercover Lover) commence :

« I want to give a love to Marcia

I want to give a love to Jennifer »

Ça parler d'amour, mais les prénoms féminins ne sont pas choisis au hasard, ce sont ceux de Marcia Griffiths et Jennifer Lara, une façon pour lui de rendre hommage à ces deux grandes dames du reggae, et tenter de faire oublier le machisme ambiant. Et pourtant la pochette dit exactement le contraire : un dessin dégueulasse représente Josey Wales embrassant l'épaule d'une femme qui baisse son jeans rose pétasse pour laisser apparaître son string. Faute de goût aberrante. Sur l'autre moitié, une photo du chanteur arborant un T-shirt Ganja University, des colliers en or tête de lion et une casquette en cuir rouge. Sa mine sévère fait plus que jamais penser à Barracuda.

Hormis le couac que représente ce dernier dessin, tout le coffret est vraiment bien : 4 CD, 40 titres qui s'écoutent sans fin.

Le petit plus : si on pose les quatre CD côte à côte apparaît le nom de l'artiste hors-la-loi. Et ça c'est cool. C'est un peu comme un puzzle. En plus facile.

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